Biographie
Ernest Petit : Visionnaire et philanthrope.
Ernest Petit est né à Neuville le 20 mai 1889.
Son père, Louis-Ernest Petit, s’installe à Neuville au début des années 1880. Il est originaire de Willerval et reprend l’étude notariale de maître Lescarde. Louis-Ernest aura 3 enfants : Claire, Ernest et Jean.
Les deux frères font leurs études de Droit à la Faculté Catholique de Lille. En 1914, Ernest s’apprête à prendre la succession de son père. Celui-ci habite une grande maison située à droite au premier virage de la rue de la Barre. Pour sa retraite, il achète une maison au pied de l’église, en face dans le même virage.
Fin septembre et début octobre 1914, les combats font rage dans le secteur, Louis-Ernest Petit met à disposition cette grande maison qui devient un hôpital militaire de campagne commandé par le docteur Malmejac, chirurgien des Armées.
Le 4 octobre 1914, une poussée de l’Armée allemande contraint la famille Petit à une évacuation vers Blangy sur Ternoise.
Ernest Petit et son frère Jean n’ont pas été mobilisés. Ils ont été réformés à deux reprises au Conseil de Révision en 1909 et 1910.
Le jeudi 12 novembre 1914, les deux frères tentent de nouveau leur chance à Montreuil sur Mer et seront incorporés : Ernest, d’une écriture fine, couche avec beaucoup d’émotion sur son agenda de notaire à cette date, sa fierté de servir son pays. Les deux frères sont incorporés à Cognac au 33ème régiment d’Infanterie.
Ils combattent sur le front à Beausejour. Les deux frères sont grenadiers et le 1er aout 1915 en occupant un entonnoir de mine, Ernest est grièvement blessé à l’épaule gauche et reçoit 37 éclats de grenade allemande. Inconscient, son frère le retient de glisser au fond de l’entonnoir vers une mort assurée : Les grenades allemandes roulant au fond du trou boueux hachent les corps des blessés dans une bouille sanglante. Ernest est transféré à l’hôpital de Chalons, il est exsangue et entend dans un demi coma le chirurgien déclarer : « celui-là, c’est de la fine lame ». Hasard du destin : ce chirurgien n’est autre que le docteur Malmejac, ses yeux se posent sur la plaque du blessé dont il reconnait le nom : il fera tout pour sauver l’homme et son bras gauche. Ernest suivra une longue convalescence et Jean en aout 1915 combat sur le front de la marne.
En 1918, Jean est mobilisé, Ernest lui a laissé l’étude notariale dont il ne peut assurer la charge. Le village de Neuville Saint Vaast est anéanti et compte parmi les 1699 communes totalement détruites en France. De la maison de Louis-Ernest ne reste que l’angle du mur de la cuisine que l’on peut encore voir aujourd’hui dans le petit bois du virage de la rue de la barre.
La région est alors en zone rouge qui s’étend jusqu’aux écouloirs, il n’est pas prévu de reconstruire Neuville. Mais Ernest Petit se maintient dans sa volonté de reconstruction : des monuments bien sûr mais aussi des maisons. Ainsi la petite maison du n°10 de la rue de la Barre fut édifiée en 1921 , qui abritera les deux frères, Claire et leur père veuf depuis 1916. Ernest débute un peu plus tard la reconstruction de la grande maison sur la gauche du virage rue de la Barre, qui restera Etude notariale jusqu’en 1960. En 1924, il établit la maison des Clercs du 5 bis au 13 rue de la barre au sein de la SCI de Neuville Saint Vaast.
Puis en 1925, tout près du Flambeau construit par CH. Yrondy sur un lit de pierres issues des ruines de Neuville, la cité des mutilés sort de terre : il s’agit du groupe de maisons situées dans la rue du 11 novembre, avec salle de bains, chauffage central et un petit jardin destinées à héberger les mutilés de guerre qui travaillent dans les cimetières et qui, jusqu’à présent étaient logés dans des demi-lunes.
Ernest Petit est aussi l’initiateur de la construction de l’ancienne salle des fêtes qui se situait sur ce même emplacement. Au départ salle de réunion de la Section des mutilés, équipée avec des sièges de salle de cinéma et une cuisine, cette salle de réunion sera rapidement cédée à la commune .Un peu plus tard débuteront les travaux de l’actuelle Ecole Jeanne d’Arc.
Neuville Saint Vaast se reconstruit à l’ombre des monuments dont Ernest Petit est le promoteur : Croix du souvenir à l’intersection de la rue du 11 Novembre et de la rue de Prague, monument de la Reconnaissance (érigé en 1925 sous le calvaire du cimetière), monument de la mémoire des volontaires Polonais, monument Tchèque…
Maître Ernest Petit poursuivra sans répit son œuvre de reconstruction, d’hommage, de mémoire et de paix : A la fin des années 50, il est l’initiateur des premiers camps de jeunes allemands pour l’entretien des cimetières. Toute sa vie, il se dépensera sans compter pour la Commune, ses habitants été la cause des anciens combattants.
Humble parmi les braves, il refusera tout mandat officiel. Il s’éteint le 21 juin 1964 et écrira quelques minutes avant de disparaitre « L’amour véritable selon St Paul est fait de patience, de confiance et d’espérance ».