Histoire et patrimoine

Neuville-Saint-Vaast est une commune de la région Hauts-de-France, située dans le Pas-de-Calais, appartenant à la Communauté Urbaine d’Arras (CUA). Avec un territoire de 12,59 km2, un des plus grands du département, elle conserve une vocation agricole avec une quinzaine de fermes en activité et présente un habitat essentiellement constitué de maisons individuelles et d’anciennes fermes.

HISTOIRE :

Le village autrefois

Les traces les plus anciennes seraient les « fosses à loups » de l’ancien bois, de grandes fosses circulaires situées à l’emplacement actuel des cratères d’explosion de mine de la zone rouge. Elles pourraient être des emplacements d’habitation ou des oppidas celtiques. Avant la Première Guerre mondiale, de puissantes fondations affleuraient au sol en plusieurs endroits du territoire. Neuville-Saint-Vaast pourrait donc avoir été un oppidum gaulois.

Neuville est un nom très populaire dans le nord de la France y compris pour les noms propres de famille. Le nom commun villa, à l’époque mérovingienne, désignait un vaste domaine rural formant une sorte de village. Il est associé à un adjectif qui parfois le précède ou  le suit : Neuville ou Villeneuve. Le terme de nova villa est postérieur de plusieurs siècles à la période mérovingienne et correspond à la création de nombreux domaines devenus des villages à la suite de déboisements sous l’autorité royale, féodale ou monastique. 

Toujours est-il qu’en 870, Hincmar archevêque de Reims, donne la moitié du village à l’abbaye Saint Vaast d’où la 2ème partie du nom.

Il fut peut-être détruit lors des invasions normandes car, en 880, Arras est victime d’un raid viking. Il existe quelques traces de Neuville dans les archives de l’abbaye Saint-Vaast : une charte d’émancipation  au XIIème siècle, un procès au XVIème et un règlement au XVIIème.

En 1681, une église assez grande pour l’époque, bien éclairée et séparée en 3 nefs par des colonnes cylindriques et des arcades ogivales est bâtie par l’abbaye.

En 1711-1712 : les bois sont ravagés à Neuville par les armées lors de la guerre de succession d’Espagne avec les Anglais, les Hollandais.

A la Révolution, le cahier de doléances présente les caractéristiques de la région d’Arras : une tonalité antiseigneuriale dirigée contre les grandes abbayes et en particulier Saint-Vaast d’Arras et un attachement aux communaux. Dans le cadre de la déchristianisation, le village prend le nom de Neuville-Egalité. C’est un village important avec 1329 habitants, 250 maisons. Par comparaison : Maroeuil  compte 1044 habitants, Givenchy 1035 mais  Thélus  seulement 497, Souchez 554 et Carency 434.

Au XIXe siècle, caractéristique de l’Artois, la population diminue pour atteindre 1180 habitants en 1911. L’artisanat rural est très présent avec des brasseries, moulins mais pas de sucrerie comme à Ablain-St-Nazaire, pas de textile comme à Maroeuil.

« Les fiers culs de Neuville », le surnom des Neuvillois qui reflète un certain orgueil lié à une légende populaire. En effet, il fallait autrefois, pour obtenir la main d’une Neuvilloise, posséder un cheval blanc. C’est à cette seule condition que les parents acceptaient le mariage.

Un village marqué par la Grande Guerre

Le village est évacué dès le début de la Grande Guerre, détruit par les combats de 1915.  Haut lieu de combats, son nom est alors connu dans toute la France. A l’armistice, il est totalement détruit, seul  un morceau de pan de mur reste debout. Il est entièrement reconstruit après la guerre d’où sa devise Resurgam et son blason avec le phénix. La reconstruction est achevée dans les années trente grâce à la ténacité des habitants mais tous ne sont pas revenus.

Les personnalités du village : 

François Hennebique (1842 Neuville -1921) : l’inventeur de la construction en béton armé. Une plaque orne une maison construite à l’emplacement de sa maison natale dans la rue du Canada et une rue porte son nom.

Joseph Quentin (1857 Neuville -1946) : un photographe de la vie rurale et des mines exposé à Paris en 1900 à l’exposition universelle, au musée d’Arras en 2014.

Ernest Petit  (1889-1964) : fils et frère du notaire du village, philanthrope, mécène, il finance plusieurs monuments dont la cité des mutilés et le flambeau de la paix.

Jean Tison (1904-1944) : résistant, chef départemental de l’OCM (Organisation civile et militaire), il habitait dans la cité des mutilés pendant la guerre 1939-1945. Une plaque sur la façade de la mairie l’honore ainsi qu’une rue.

 

PATRIMOINE :

Le patrimoine est lié à la Grande Guerre. Le village conserve de nombreux témoignages de cette guerre à travers des monuments anciens ou récents, de nombreux cimetières, des jardins de la paix. Cela explique l’importance accordée aux cérémonies de commémoration dans la vie villageoise. 

Le Labyrinthe

Hauts lieux de combats de 1915, connu sous le nom du labyrinthe, c’était un « formidable système fortifié allemand, formé de souterrains, barbelés, sacs de terre et de ciment. Des abris avec coupoles, des fortins bétonnés en rendaient l’approche presque impossible. Le labyrinthe fut conquis morceau par morceau du 9 mai au 17 juin 1915.» Seul un blockhaus reste visible dans le cimetière allemand.

Carte militaire française montrant le système de tranchées du Labyrinthe
Seul vestige visible du Labyrinthe

Des monuments

Comme dans toutes les communes, un monument aux morts

Dans le cimetière : un monument de la reconnaissance de la commune à ses défenseurs avec un soldat agonisant sur l’autel de la Patrie et sur les murs qui l’entourent les noms des morts de la commune, les numéros et titres de tous les régiments français, canadiens et alliés qui ont combattus pour la délivrance de la commune. 

Dans l’église :

  • Le chœur est entouré de nombreux ex-voto et dans la nef, des plaques en hommage à des régiments ont été placées. 
  • Dans le chœur, « La résurrection de Lazare » comprend l’autel, le tabernacle et un groupe sculpté formant un monument aux morts
  • Le programme iconographique des vitraux tient compte de la guerre avec les vues des cimetières de Lorette et de la tour de l’ancienne église de Neuville-Saint-Vaast, la fondation de Montréal à Notre-Dame en hommage au corps expéditionnaire canadien et un oculus représentant le Christ déposant un baiser sur le front d’un soldat mourant.  
  • Une monumentale croix du souvenir de 12 m en béton
  • Le monument du Flambeau de la paix du sculpteur Charles Yrondy (atelier parisien)
  • Des monuments dédiés à des soldats primitivement isolés dans les champs et risquant d’être abîmés, oubliés, désormais placés dans l’enceinte du Flambeau de la Paix.
  • Le monument aux morts de la 53e D.I. et de l’aspirant Leuregans dit monument Leuregans
  • Le monument polonais à la mémoire des volontaires de la Grande Guerre
  • Le mémorial de la compagnie Nazdar

Dans la rue du 11 novembre, 52 érables offerts par le Canada, en mémoire des 52 enfants du village morts sur les champs de bataille de la Grande Guerre ont été plantés. Ces arbres ont été remplacés par des sorbiers qui à leur tour vont être remplacés.

Le village recèle aussi un ensemble d’une centaine d’érables offert en 2017 par le Canada dans le cadre des commémorations du centenaire de la bataille de Vimy ; 70 ont été plantés aux abords du terrain de sport.

Des cimetières

La nécropole nationale avec des soldats des deux guerres et un carré musulman, 12 210 corps y reposent

Le cimetière britannique de La Targette avec 641 soldats 

Le seul cimetière tchèque de France autour du monument de la compagnie NAZDAR 

Le plus grand cimetière allemand de France, celui de la Maison Blanche, avec 44 830 soldats

Deux cimetières canadiens : Le cimetière de la route de Givenchy avec 111 soldats et le cimetière canadien n° 2 avec 2 966 soldats qui, en fait, est un cimetière britannique.

De nouveaux lieux commémoratifs

Le monument des fraternisations unique en France :

Inauguré en 2015 par le président de la République. Possibilité de charger des QR-codes et d’utiliser une borne timescope, (visualisation à 360° de la situation de l’époque).

Les jardins de la paix :

Conçus pendant les commémorations de la Grande Guerre, ils proposent des lieux d’hommage aux combattants, des lieux de réflexion, des espaces narratifs et paisibles.

Le jardin de la paix tchèque et slovaque : surnommé « La marche de la paix », a été inauguré en 2019. 

Le jardin de la paix canadien situé à côté du centre d’interprétation se trouve sur le territoire de la commune. 

Un jardin de la paix polonais : en cours de réalisation, à côté du monument polonais.